Suivre ma vie rose

Laissez hurler la nouvelle femme

4 mars 2021

21 juin 2018 – le début de mon aventure cancer
Septembre 2018 – début de mon parcours photographique avec Géraldine

26 février 2021 – fin de la reconstruction
1 mars 2021 – message à Géraldine « j’ai besoin de toi pour une photothérapie »
J’ai besoin de toi parce que je n’ai pas évacué ma rage, ma colère, ma tristesse, ma puissance, ma force. Et là, c’est le moment.

Comprendre les photos :

Ma vision du monde, des autres, et de moi-même a été un peu chamboulée. Sans tout remettre en cause, l’annonce de cette maladie grave, bizarrement m’a permise d’être plus en symbiose avec moi-même.
Rien ne sera plus comme avant, parce que j’ai, pendant cette période, marché sur des sables mouvants.
J’avais des points d’appui. Je ne les ai plus. Je ne les aurai plus, je n’en veux plus. J’en ai d’autres. Beaucoup plus forts et beaux.

J’ai été projetée dans un espace-temps nouveau, fait de médocs, de blocs opératoires, de pleins de choses que je connaissais pas. Je ne pratiquais pas le langage et le comportement cancer et reconstruction. Je ne savais pas que l’on pouvait avoir des oreilles sur les seins, qu’un carcinome voulait dire cancer. Pour moi « In situ » voulait dire « à l’intérieur » et je ne comprenais pas pourquoi il fallait le préciser, car cela allait de soi.

Je ne suis aussi jamais rentrée dans un imaginaire où je devais tuer un crabe, devenir une Kfigheuse, … Mon cancer m’a épargné une lutte acharnée contre une mort possible. Ce fut radical : on enlève les seins, on enlève le cancer en une seule fois. Basta.
Pas si Basta quand même….. Au final. Ne pas pouvoir s’approprier son corps pendant tout ce laps de temps, se relever tous les 4 mois en moyenne avec de nouvelles cicatrices, ….. C’est pas du Basta.

Mais je n’ai pas crié. Combien de fois ai-je entendu de mon psy « vous ne pleurez pas assez » ! Laurent également.
Non, j’ai fait de ce marathon de santé (une opération tous les 4 mois en moyenne), un parcours de quête de sens, la construction de nouveaux points d’appui. Je me suis mise à produire, à aider, à comprendre, à me respecter davantage en m’écoutant, mais je n’ai pas hurlé. J’ai oscillé entre « Génial, suis au top », à « heuuu », puis « désespoir », …. Les fameux sables mouvants.

Et puis là, à la 10e opération, fin de ma reconstruction, j’en suis sortie avec une vulnérabilité importante. Bref, comme une femme qui a fait un marathon pendant presque 3 ans.
Alors, j’ai appelé la seule qui pouvait m’aider dans ce cas : Géraldine. Il fallait que je laisse mon corps hurler sa puissance.

Non, je ne suis pas une femme mutilée. Non, je ne suis pas amputée. Non, je n’ai pas blessure narcissique du fait que je n’ai plus mes anciens seins. Oui, j’aime mes nouveaux seins. J’ai juste un peu perdu de mon intégrité corporelle pendant un laps de temps (en toute conscience, j’ai évité les miroirs.). J’ai le droit d’en avoir marre de mes cicatrices, de mes douleurs cervicales, ….
Ça fait mal un cancer du sein.

Et c’est bon, j’y suis. Alors j’ai le droit de me lâcher : je suis psychiquement et physiquement épuisée.
Mon corps avait besoin de crier sa puissance, ses nouveaux seins.
Alors, je hurle pour ma puissance. 

P.S : photo de Géraldine Aresteanu, droit réservé.

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